Maestro
Cécile Balavoine

Mercure de France
collection bleu
avril 2017
224 p.  18 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Une belle partition.

Pour tenter de distraire leur fille de 9 ans, ses parents lui offrent un piano.
C’est grâce, ou à cause de cet instrument que Cécile fera la connaissance de celui qui envahira sa vie en la magnifiant à travers sa musique, Mozart.
Un film sur la vie du jeune prodige la bouleverse, il y aura la découverte du requiem, de tous les concertos et symphonies.
L’enfant grandit avec sa passion, son plus beau souvenir, un voyage à Salzbourg où elle visite la maison natale.
A son entrée en sixième, elle intègre un chœur d’enfants, la musique est partout, comme un second souffle indispensable à sa vie.
Plus tard vient l’émoi du premier concert dans une salle parisienne.

Lorsque Cécile devient journaliste, elle tombe amoureuse d’une voix entendue au téléphone, il s’agit d’un célèbre chef d’orchestre qu’elle doit interviewer.
La passion prend un autre visage à moins que ce ne soit que la continuité de son amour d’enfance.

C’est une bien belle partition que nous offre Cécile Balavoine, son écriture est élégante, toute en retenue et délicatesse.
« Le silence qui suit Mozart, c’est encore du Mozart », oui, je suis d’accord et à cela je rajouterai que le vide qui suit la lecture de ce très beau premier roman, est empreint de nostalgie, de magie, de plénitude qui m’a empli d’un extraordinaire bien-être.

partagez cette critique
partage par email
 

Mozart pour la vie

Cécile,
Dès les premiers mots, dès l’introitus, je suis happée, conquise. Vous débutez par votre entretien téléphonique avec le Maestro
« Dans votre voix j’ai huit ans, Maestro…. Et je ne sais pas pourquoi. »
Aussitôt les souvenirs arrivent.
A neuf ans, sur le piano, que vos parents ont acheté pour combler le vide et votre ennui, vous « balbutiez une sonatine » et vous découvrez la joie, vous découvrez Volgangamadéoussemozare, vous entrez en Mozartie, novice en cet ordre musical.
Si jeune et déjà emplie de LUI, même pas peur du Requiem,
« Le calme déchirant des toutes premières mesures ne m’effraie pas. Ni les cordes et les cors en longues plaintes traversées soudainement par la violence des trombones. Je n’ai pas peur en écoutant la fugue sévère du Kyrie eleison ou bien les voix implorantes, donnne-leur, donne-leur le repos éternel. Sans doute parce que, comme tout enfant, sortant à peine de ce néant qui s’éloigne en se rapprochant toujours plus, je sais d’instinct que c’est de là que nous venons. Que c’est vers là que nous tendons. »
Si jeune est déjà si pénétrée par ces choses là
« Dans cette musique, je reconnais que la mort sera belle, et qu’elle sera vivante. »
Vos parents acceptent votre passion et la nourrisse de disques, de livres, de séjours à Salzbourg.
Pour rester dans votre passion, vous apprenez l’allemand à l’école et continuez vos études à Salzbourg, Sa ville tant honnie et aimée, où vous faites des pèlerinages. Partie aux Etats-Unis, vous rompez avec votre petit ami qui est plus jazz que Mozart.
Votre conversation téléphonique avec le grand chef d’orchestre va chambouler votre vie. Là, oh surprise, une osmose se créé entre vos deux voix, la magie opère et vous voilà sous le charme de sa voix. Une histoire d’amour à distance, pas facile de vous retrouver, empreinte du même respect envers Mozart. Une passion qui vous rapproche de Mozart
« Désormais, pour moi, c’était par vous qu’IL revivait. »
Je ne vous ai encore pas parlé de ce père que vous aimez et qui sait vous blesser. Souvenez-vous de l’arrivée de Lucie, votre petite sœur.
« Le souvenir qui me reste est que je rends papa malade. »
Ou cette phrase entendue « Cécile c’est l’ombre, la cécité. Lucie, c’est la lumière » Pas facile, à quinze ans, d’écouter cela « Il m’ouvre les yeux sur ma propre noirceur devant un homme que je ne connais même pas. Je suis l’obscurité. »

Pas facile cette vie autour et pour Mozart. Pas facile de dire aux copines de classe que vous avez un poster de Mozart dans votre chambre. Pas facile tous ces rendez-vous manqués avec SA musique. Pas facile d’être habitée par LUI. Pas facile de sentir, comme une évidence, le fait de connaitre, de reconnaître des lieux où IL a vécu. Pas facile de vivre sa foi, car Mozart est Dieu pour vous qui le portez au Pinacle. Maestro ne serait-il pas sa réincarnation ? Hou, ma chère Colette, tu blasphèmes ! Disons le passeur, le trait d’union entre vous et LUI. Les sentiments que vous vous portez au Maestro ont besoin de l’enveloppe charnelle, de la communion de vos deux corps, mais saurez-vous vous trouver ou vous retrouver dans cette évidente passion de « La juxtaposition du sensuel et du sacré » ?
« Vous prononcez des mots très beaux. Les mots ivresse, lumière et plénitude ».
Maestro a prononcé les mots qui peuvent dépeindre votre relation à Mozart.
Cécile Balavoine, merci pour ce livre très abouti et sensuel, à la fois limpide, fou, mystérieux, évident, amoureux, magique, tumultueux qui aboutit à l’ivresse.
Un coup de cœur

Dans ce premier roman, il est aussi question de l’enfance et de la famille et notamment des relations père-fille, de l’arrivée d’une petite sœur, de la place de chacun des enfants dans le cœur des parents (ou du moins celle que l’enfant croit occuper). Cécile Balavoine décrit avec justesse les événements, mots prononcés, joies et tourments de l’enfance, qui laissent une empreinte persistante jusqu’à l’âge adulte, et peuvent entraver l’existence.

partagez cette critique
partage par email
 
coup de coeur

Passion Mozart…

Certains livres sont magiques : ils nous ensorcellent, nous ravissent, nous transportent, littéralement. Je me suis trouvée sous le charme de cette magnifique histoire, de cette écriture douce, sensuelle et poétique. Je sais d’avance que c’est un livre que je n’oublierai pas et que je porterai longtemps en moi, comme l’auteur a certainement porté longtemps en elle l’histoire qu’elle raconte… Est-ce une autobiographie ? Je ne sais pas vraiment. Il est écrit « roman » sur la couverture mais d’après mes recherches, de nombreux éléments du récit appartiennent bien à la vie de l’auteur.
Voici quelques bribes d’une histoire fascinante : Cécile, la narratrice, mêle deux époques dans son récit, son enfance et l’âge adulte. De son enfance, on retiendra son amour (et le terme est à peine assez fort) pour Mozart. Dans sa chambre, pas de poster de Police ou de Téléphone, non, des posters de Mozart qu’elle écoute religieusement, qu’elle joue au piano, qu’elle chante. Mozart, Mozart, Mozart. Elle entraîne ses parents à Salzbourg où a vécu le compositeur, apprend l’allemand, passe une audition pour rejoindre un choeur d’enfants, fête l’anniversaire de sa mort et celui de sa naissance en allumant dans sa chambre d’adolescente des bougies. Elle a même le sentiment profond de ne pas vivre à la bonne époque, comme s’il y avait eu une erreur. Elle aurait dû le rencontrer, ils auraient dû s’aimer. Il faut réécrire l’histoire. Elle le sent presque charnellement présent à ses côtés, elle a l’impression qu’il lui fait signe, qu’il lui parle. Sombre-t-elle dans la folie ? Non, cela s’appelle une passion et une passion à laquelle elle s’offre totalement.
Adulte, Cécile, devenue journaliste, tombe amoureuse d’un chef d’orchestre, un maestro, qu’elle a interviewé. Quelques mots au téléphone et c’est le coup de foudre. Ils se rencontrent furtivement entre deux avions, s’aiment à la folie, se donnent l’un à l’autre puis se séparent. A chaque fois, c’est un déchirement. Pourquoi cette passion, cet amour fou pour cet homme qu’elle connaît à peine ? N’attend-elle pas de lui qu’il soit « un passeur » vers l’Autre, celui qu’elle n’a pas et n’aura jamais, celui qu’elle aime d’un amour fou : Mozart ?
Mozart, Maestro… Presque les mêmes lettres…
Et ces deux histoires, celle de l’enfance et celle de l’âge adulte, s’entremêlent et c’est tout simplement sublime parce que Cécile se livre sans compter, s’offre à la vie et à l’amour. Ses mots disent cette folie qui la porte, cette passion qui la dévore et qui donne un sens à sa vie tout en la rendant parfois invivable. Elle dit de façon magistrale son amour pour la musique, décrit ses émotions avec tellement de nuances, de beauté et de sensibilité que l’on plonge corps et âme dans ce récit qui nous enveloppe de volupté et de bonheur.
Et l’on n’a qu’une envie : écouter Mozart !
C’est magique, envoûtant et terriblement beau.
Un ÉNORME coup de coeur !

Retrouvez Lucia-lilas sur son blog

partagez cette critique
partage par email