Un homme, André, est tué par le mari d’un couple d’immigrés qu’il aidait dans leurs démarches administratives au sein d’une association chrétienne. Sa femme et ses deux fils vont devoir mener un double combat : passer outre le deuil et passer outre la récupération que fait leur cousine de cette tragédie.
Tout le livre consiste en une confrontation des arguments de Louise et les tentatives de réponse de François qui prend la mesure de l’opération de communication fomentée par sa cousine et qui, contrairement à son frère, décide de prendre son bâton de pèlerin et de la combattre.
Alexis David-Marie, contre ses « pulsions » idéologiques, entreprend donc de démolir le message de François à travers la démonstration de celui de Louise en mettant en avant toutes leurs techniques. Tout ceci n’étant mis en œuvre par Alexis David-Marie que pour mieux l’exposer en pleine lumière et en montrer la vanité.
Il démontre ainsi la multiplicité des origines des sympathisants, venant de tous bords, de toutes « obédiences ». Il expose la duplicité linguistique de la fachosphère qui masque l’odeur nauséabonde du discours raciste qui se dégage de ses idées par d’autres idées plus passe-partout et plus acceptables par la société sur les problématiques d’extrémisation islamiste. Double langage, double discours, duplicité des méthodes.
François fait d’abord appel à son, et à notre, bon sens. Mais cette réponse est trop limitée et ne contre pas efficacement, en tout cas pas sur la durée, les manœuvres et manipulations de Louise.
La technique principale de Louise consiste en une accumulation de chiffres, de faits, d’événements et d’éléments sur lesquels elle braque la torche de son discours pour mieux masquer le schéma global.
Le danger dans lequel François tombe et sur lequel Alexis David-Marie attire notre attention consiste donc à penser que le bon sens et la raison auraient raison des discours de rejet. Mais un combat uniquement placé sur ce plan serait perdu d’avance, comme celui de François, face à une banalisation d’un discours de haine, de rejet et de stigmatisation. C’est un discours qui a besoin de martyrs, d’exemples, de victimes et de boucs-émissaires. La société en livre en pâture tous les jours, ou presque.
Le livre est volontairement défaitiste. Non pas tant parce que le combat serait perdu d’avance, même si le risque est réel, mais parce que ce levier est plus parlant pour le lecteur qui ressent mieux les dangers.
#MartyrsFrançais est un livre essentiel au regard des dernières élections présidentielles, particulièrement intelligent, narrativement et littérairement parlant. Alexis David-Marie excelle tant sur la forme que sur le fond et ce d’autant plus qu’on sent ce récit écrit avec les tripes autant qu’avec la raison.