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Une étoile filanteCeci n’est pas un roman, mais une « lettera amorosa », comme sous-titré ; un lieutenant allemand qui s’attend à mourir au front au début de la Grande Guerre adresse une dernière lettre à son aimée. Ce livre poétique à la mémoire d’Alain-Fournier est beau comme la fulgurance d’une étoile filante dans la nuit silencieuse. A une passante Werner Heller est un jeune lieutenant prussien. Cette nuit du 28 septembre 1914, il la passe à écrire une longue lettre à une femme mariée qu’il a croisée à Paris, moins pour lui avouer sa passion jusque-là silencieuse que pour lui dire adieu. On ne sait presque rien d’elle, c’est une passante baudelairienne qu’il n’attendait pas et qui s’est présentée à lui, mince, le visage grave, avec de longs cheveux, presque éthérée. Leurs mains se sont touchées, seul geste d’amour qui a suffi à la cristallisation. La nuit spirituelle A l’instar d’un Jean de la Croix, le lieutenant Heller traverse l’obscurité guidé par l’amour, seule lumière dans la nuit silencieuse précédant le fracas du combat. Ecrire, ce n’est pas en retarder le moment, c’est dérober aux horloges une heure en plus, parenthèse éternelle et secrète des poètes et des voyants. Werner est de ceux-là, à peine sorti de l’enfance, mais pas encore tout à fait homme, en tout cas bien assez jeune pour mourir selon la logique de guerre. Des morts, il en a déjà trop vus, comme ce poète-soldat surnommé Orphée, et retrouvé avec une balle dans le corps. Pour sa destinataire, Werner Heller compose un art poétique posthume : « la poésie, madame, c’est désimaginer le monde tel qu’on nous le vend. C’est découvrir qu’il n’est rien et que s’en éveiller est tout ». Ce dévoilement, cette révélation n’auront lieu que grâce à l’art, grâce à la création qui entrouvre les portes de la vraie liberté. En voilà une merveilleuse illustration avec ce roman poétique qu’on savoure avec émotion.
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coup de coeur
Superbe
« Chère Else, Cette lettre, la recevra t’elle, la lira t’elle alors que le lieutenant Heller se prépare à partir à l’assaut au lever du jour. Il sait qu’il n’en sortira pas vivant. Cette assurance le pousse à parler d’amour d’intériorité, de dévoiler ses pensées à Else qu’il sublime en Orphia. Ce livre écrit « A la mémoire d’Alain-Fournier » qui fut l’idole de mon adolescence, est poésie et beauté. Tout comme l’auteur du Grand Meaulnes, il sublime une femme juste rencontrée et en fait LA femme, L’AMOUR. Lorsqu’il parle d’Orphée, l’ordonnance du lieutenant, qu’il prénomme Orphée, Pierre Cendors rend hommage à tous les poètes et artistes morts aux combats, qui ont donné des textes magnifiques. Un jour, lieutenant, vous m’avez demandé pourquoi je m’étais engagé et ce que j’étais venu chercher dans cet enfer. La dévastation m’a conduit à cette guerre. Je n’ai pas besoin de vous dire que peu en reviendront. Et ceux qui en réchapperont seront tombés d’une autre manière. Moi, je suis tombé bien avant. Au moment de mon arrivée, je portais le deuil de mon enfance. J’avais vingt ans. Il était minuit en mon silence. |
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