C’est un travail périlleux que de parler de « Mon âge », le nouvel ouvrage de Fabienne Jacob, tant celui-ci est décousu.
Le roman s’ouvre sur une femme qui se démaquille devant un miroir, et replonge dans ses souvenirs. Du temps où elle traînait avec Else, son amie peu fréquentable, dont les parents fument en permanence, portent des joggings roses, et passent leurs journées à regarder la télévision en buvant des bières. Else fait découvrir à la narratrice les premiers frissons de la sexualité, le goût de l’interdit, les conneries. Puis, sans chronologie aucune, on passe au jour où la narratrice, encore enfant, a saccagé sa belle robe blanche qu’elle chérissait plus que tout au monde. On est ensuite projeté dans un restaurant, où elle observe une apprentie serveuse qui fait ses premiers pas dans le métier.
Le lecteur ne cesse de sauter d’un tableau à un autre sans aucune logique. Tantôt dans la caravane avec Else, ou sur le ponton en bois du vieil étang, tantôt dans une chambre d’hôpital où la narratrice est apparemment en train de mourir. On n’a aucune clé pour comprendre le sens du récit à part, peut-être, celle du titre auquel on se raccroche  tant bien que mal. « Mon âge »serait-il un roman sur les différents âges de la vie de la narratrice, ses expériences au fil du temps ? Peut-être, mais rien n’est moins sûr.
Certes, les différents tableaux sont beaux et intéressants, les réflexions sur le passage du temps aussi, mais la narration manque cruellement à l’appel. Fabienne Jacob se livre davantage à une performance linguistique et philosophique qu’à l’écriture d’un roman.