Mon autopsie
Jean-Louis Fournier

Stock
la bleue
août 2017
198 p.  18 €
 
 
 
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Mortelle randonnée

Après avoir parlé de ses fils, de sa femme,  de sa fille, l’auteur de « Où on va papa ?» s’attelle à un sujet de choix : lui. Ou plutôt ce qu’il reste, son corps, car l’écrivain est mort et dans un geste généreux a légué son corps à la science. Quelle n’est pas sa surprise de voir arriver une étudiante jolie et respectueuse de ses vieux os jusque dans l’autopsie nécessaire à ses études ! Macabre ou loufoque, ce point de départ ? Irrévérencieux surtout, comme tous les livres de Fournier et bien vu pour aller chercher, par delà les gestes techniques d’une telle opération, ce qui constitue un homme, et en l’occurrence un écrivain. Est ce sa tête, son cœur, ses tripes qu’il faut mettre sur la table ? L’auteur profite de cette occasion, la dernière forcément, pour égrener ses souvenirs, nous faire rire de ses travers, raconter le cinéma où l’on pouvait pleurer dans le noir, la salade de haricots verts au foie gras de sa femme, son envie inassouvie de devenir instituteur, son goût des voitures anciennes. Des petits riens mais qui font le sel de l’existence, sans oublier l’amour des siens, ses fils handicapés, sa fille avec qui c‘est compliqué. Poésie et cruauté, petites lâchetés et grands défauts, on pénètre littéralement dans la tête d’un écrivain grâce à l’apprentie médecin et on y trouve quoi ? La vie tout simplement.

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Autoportrait.

La mort est un plaisir, sous la plume de Jean-Louis Fournier en tous cas !
Comme le titre nous le laisse entendre, Jean-Louis Fournier est mort.
Nous le retrouvons allongé sur une table d’autopsie.
Une jolie jeune femme, penchée sur son corps, s’apprête à le découper. Le mort la baptisera du joli nom d’Egoïne en référence à l’instrument dont elle s’empare pour mener à bien son ouvrage.
Si le corps est sans vie, l’esprit, lui est resté en éveil et observe les morceaux de lui-même découpés, tâtés, pesés, analysés et il en profite pour revisiter sa vie et son œuvre.
Et il se souvient de son père, médecin alcoolique dont il dit « Il a jamais tué personne mon papa » de sa « Mère du nord » de son premier amour qui le transforma un temps en « Poète et paysan ».
Mais aussi de ses fils handicapés qui demandaient « Où on va papa ? », de sa fille qui le quitta pour devenir « La servante du Seigneur » et de son dernier amour, Sylvie qui le laissa « Veuf ».

J’ai retrouvé dans cette autopsie tout ce que j’aime chez Jean-Louis Fournier, l’humour, l’amour, une sensibilité exacerbée qui se cache sous une bonne couche de dérision et un doigt de cynisme.
Une vie, une œuvre, une autopsie, et si c’était un testament littéraire ?

Chapeau bas Monsieur Fournier, votre talent me bluffe une fois de plus !

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