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Oyana est également le coup de coeur de la Maison du livre à Rodez
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coup de coeur
« OYANA » de Eric Plamondon.
J’avais hâte de lire « Oyana » de Eric Plamondon et voilà, c’est fait. On passe ainsi des saumons (dans « Taqawan ») à des baleines (balea, dont l’une figure sur la belle couverture de ce livre). Mais il ne s’agit pas que de cela, l’histoire va bien plus loin et commence par cette lettre : Mon début de chronique est peut-être un peu long mais je l’ai trouvé nécessaire pour placer le contexte. Il s’agit en effet d’une lettre d’adieu, celle d’Oyana (le nom basque de l’héroïne) qui est née pendant un attentat de l’E.T.A. Elle a passé sa jeunesse dans le pays Basque puis s’est mariée avec Xavier, rencontré au Mexique et ils partent vivre à Montréal. Ainsi, Oyana nous livre ses souvenirs à travers de courts chapitres – elle fait des révélations étonnantes, elle qui n’était pas une « abertzale » (militante), a dû fuir et de « Oyana Etchebater, elle est devenue Nahua Sanchez. » Avec ce court ouvrage, Eric Plamondon arrive à en faire un récit où resurgissent des fantômes (du père de Oyana – de l’attentat de 1973 contre le bras droit de Franco – de la mère et de son enfant victimes collatérales où Oyana faisait partie du commando mais en ignorait la gravité…). L’auteur qui maîtrise superbement sa trame, fait monter la tension petit à petit. On passe de l’ombre à la lumière – de rebondissements – de retours sur le passé – on voit comment la vie de Oyana a été bâtie sur un mensonge. Aucun temps mort pendant la lecture : Guerre d’Espagne – E.T.A – les «années de plomb» au Pays Basque ainsi que la traditionnelle chasse à la baleine… Cet ouvrage est d’une grande intensité. L’auteur y a inséré des coupures de presse – des rappels de faits historiques sur l’E.T.A – des documents nous informant de l’histoire politique du pays Basque…. – une réminiscence : « le 11 septembre m’a ramenée à la dure réalité » – énumération aussi des victimes de plusieurs années d’attentats « des GAL, d’anciens membres de la Légion et de l’OAS »… Concernant mon ressenti ? Il est le suivant : c’est court, c’est beau, c’est intense. Une vraie réussite avec tous les remords de l’héroïne. L’auteur le fait en se basant donc sur des faits réels – tout est véridique et le dénouement inattendu. Mais je dois à présent arrêter de « jaser » plus longtemps et dire « à tantôt » pour un autre récit car « je suis tombée en amour » pour ce livre « Oyana » (ici nous sommes dans l’ambiance québécoise puisque l’auteur est né au Québec. Par contre, il a choisi de vivre à Bordeaux : le climat…). Je me permets de « donner un bec » non seulement à EricPlamondon pour ce livre « Oyana », mais aussi à la Maison d’Éditions Quidaméditeur Rien n’est fortuit
« Pour toi, Xavier »
coup de coeur
L’impossible retour
Après le beau succès de « Taqawan », Eric Plamondon revient avec « Oyana », prénom d’une jeune femme d’origine basque exilée au Québec au milieu des années 1990 à cause de sa participation à un commando meurtrier de l’ETA. En 2018, Oyana apprend la dissolution de l’organisation indépendantiste ; son passé resurgit et avec lui les mensonges sur lesquels elle a bâti son existence montréalaise depuis vingt-trois ans. C’est dans une lettre qu’elle décide de tout avouer à son compagnon qu’elle s’apprête à quitter pour rentrer en France, pensant naïvement que si l’ETA n’existe plus, elle n’a plus besoin de se terrer, de cacher son identité, ni de rester prisonnière de son exil et de ses secrets. Mais le départ s’avère plus dur qu’elle ne l’imaginait, d’autant que partout, des hommes continuent de croire en leurs idéaux… « Oyana » est un roman épistolaire ponctué de chapitres narratifs qui éclairent le passé, comme pour ancrer cette histoire particulière dans un processus et des enjeux qui la dépassent. Si l’héroïne, rongée par l’imposture et le remords, pense que le temps est venu d’assumer son passé, la réalité est plus complexe. L’exil a effacé sa véritable identité mais l’a aussi protégée, et troquer un secret contre une disparition n’est pas sans danger. Oyana est peut-être condamnée à n’être ni d’ici ni de là-bas, une vie entre deux rives qui ne sont pas étrangères l’une à l’autre : les liens entre Basques et Québécois sont plus anciens qu’on ne l’imagine. Voici un roman sur l’impossibilité du retour à Ithaque, sur la vie qui se poursuit et n’attend pas qu’on solde ses comptes. Peut-être Oyana écrit-elle pour se consoler de sa réalité qu’elle considère comme un échec : « A une filiation qui l’aurait peut-être déçue, elle préférait une descendance imaginaire, héroïque ». Ici, l’écriture est davantage un besoin qu’un moyen, quand la lettre de rupture devient roman, et même roman noir dont Oyana se retrouve l’héroïne. Bien que son mensonge ne cache pas de vérité romanesque, il est possible que celle-ci apparaisse à la fin inattendue de ce beau livre captivant et habilement mené. |
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