Le roman de Fernando Clemot est un peu un « Au cœur des ténèbres » polaire. Une enquête ayant pour principal témoin le médecin du bord se déroule sur un mystérieux navire de forage mouillant au large de Jan Mayen, à la limite entre les mers de Norvège et du Groenland.
Le bateau fantôme
On ne sait exactement dans quelle temporalité on navigue, mais on pense aux années 1950, les plaies de la Seconde Guerre mondiale n’étant pas encore refermées. L’Eridanus est un étrange rafiot composé d’un équipage cosmopolite, dont l’armateur est norvégien. Son employeur a pour nom la « Centrale », une compagnie maritime aux ordres de mission étranges, qui déroute le navire de sa destination première pour les terres glaciales de l’Arctique. A son bord, le docteur Christian est chargé de transcrire les rêves des marins, cependant qu’un déchaînement de violence inexplicable s’empare du personnel jusqu’au drame qui survient, alors que le bateau croise au large de l’île norvégienne de Jan Mayen. Deux inspecteurs sont diligentés par la fantomatique Centrale pour enquêter. Profondément dépressif, le médecin du bord, qui traîne une culpabilité ancienne, est désigné comme suspect numéro un…
Un amok à bord
Un épais brouillard glaçant entoure cette histoire d’amok oppressante. Sur le bateau spectral qui tangue en eaux glaciales, l’équipage semble pris de folie, les bagarres se multiplient, la vue du sang échauffe les esprits et la brutalité est amplifiée par l’alcool. Dans ce microcosme flottant en extrême tension, on assiste à des expérimentations étranges, qui pourraient émaner de services secrets d’après-guerre. L’interrogatoire du médecin a vocation à nous éclairer, n’étaient son objectivité amoindrie par les anxiolytiques, et les fantômes de son passé qui le rattrapent et l’entraînent dans une odyssée sans retour. Entre rêve et réalité, nuit noire et jour aveuglant, froid polaire et chaleur des machines, son témoignage a valeur de révélation et la vérité émerge comme un verdict implacable et terrifiant.
