Trop souvent, l’on oublie que l’écriture n’est pas forcément reliée à l’âge ou la maturité. À travers leur prose ou même leurs vers, les enfants et les adolescents ont, eux aussi, le pouvoir de s’exprimer et de transmettre. Le prix Clara, depuis 2007, récompense parmi plusieurs centaines d’adolescents, des lauréats qui se voient publiés dans un recueil au mois de novembre. Des écrivains en herbe, inspirés, doués, prometteurs ; certains écrivent depuis toujours, quand d’autres s’y essayent, pour la première fois.
Cette année donc, les nouvelles frappent par leur sérieux et leur sensibilité, caractérisant ainsi les personnages principaux, dans lesquels les lecteurs adolescents pourront facilement se reconnaître. Ainsi, on croise la route d’un garçon qui passe des heures à écrire, blotti au creux d’une cabane, abri qui le réchauffe et l’embarque loin des hommes, objet-témoin d’une rencontre d’amour, essentielle et bouleversante ; puis celle d’Ada, une jeune fille de quinze ans, qui vit dans une société future préoccupante, où les nourrissons sont retirés à la naissance, où l’on fait le choix de son enfant et où l’on s’en débarrasse librement pour un autre, quand le besoin, ou la lassitude, s’en fait sentir ; plus singulier, l’on découvre la mémoire d’une pierre narrant sa propre histoire, vieille de milliers d’années, et qui voit l’œuvre de l’homme dépossédée, abîmée, en référence à l’actualité. On suit encore les pas d’un jeune homme, James, qui parcourt le monde sur son multicoque et qui voit ressurgir à chaque passage difficile, chaque contrée, un souvenir marquant, et qui tend à déchiffrer le message d’un mystérieux tableau, offert par sa mère à son départ ; d’un enfant, qui observe, fasciné, le travail d’un souffleur de verre, et qui contemple ensuite, impuissant et ravagé, le vide laissé par l’homme à la respiration d’argent ; enfin, d’une lycéenne qui devient malgré elle, influenceuse sur les réseaux sociaux, et perd peu à peu ce qu’il y avait de plus important pour elle, l’amitié, à l’instar de milliers d’abonnés sur Instagram.
Si la majorité des auteurs ont rédigé en prose, plusieurs montrent qu’ils maîtrisent aussi l’écriture poétique, qui sert parfois à décrire et définir d’infimes détails, à développer une émotion, pour nous la faire ressentir, toucher du doigt et la faire nôtre. Ce sont des textes empreints de sincérité, qui donnent parfois inconsciemment et sans arrière pensée, une bonne leçon. Enfin, c’est avec un plaisir intense que l’on parcourt les biographies empreintes de tendresse et d’humour. Gardons leurs noms en mémoire, qui sait, pour plus tard…