La 1ère phrase : « Un ordinateur au repos joue un air de tango »
Le sujet de ce court roman ne m’était pas familier, je craignais même que mon ignorance ne parasite ma lecture. Il n’en fut rien. Dès les premières pages, je me suis laissée entrainer dans le sillage de Sofia, une jeune argentine élevée dans un cercle familial protégé, qui pourtant cherche à connaître la vérité sur sa naissance.
Quelques paroles trop vite prononcées lors d’un repas de famille sont venues amplifier les doutes qui la taraudaient depuis déjà longtemps sur ses origines. Maintenant, elle veut savoir. Un test sanguin suffira. Ensuite, il s’agit de se montrer patiente. Quelques semaines à tuer, un voyage dans le temps et l’espace.
Sofia accepte d’ouvrir les yeux sur l’histoire sombre de son propre pays. Il y a 20 ans, que se passait-il donc dans les prisons de la junte militaire? Que devenaient les bébés nés en captivité? Sofia regroupe lentement les pièces du puzzle familial. Peu à peu, tout en traversant le pays pour le découvrir d’un oeil neuf, elle visualise une réalité ressentie mais inavouée jusque-là.
J’ai apprécié la lecture de ce roman à l’écriture simple, presque sèche, au service d’une narration prenante. J’ai deviné la volonté de l’auteure de témoigner d’une réalité historique et politique. Mais loin de tenir un propos pédagogique, Félicie Dubois trace d’une plume sensible le portrait d’une jeunesse écorchée par un passé trouble et trop longtemps tu.