Il est petit, maigrelet et son père aurait aimé qu’il se batte comme les autres garçons, qu’il joue au Meccano ou aux trains électriques. Mais l’enfant un jour tombe sur le feuilleton « L’amour en héritage » et sa douce chanson de générique. « Une voix chante dans mon cœur » écrira -t-il des années plus tard, c’est Nana Mouskouri qui le charme, l’ensorcelle. C’est décidé, il sera elle, la star internationale, la femme adulée par des millions de fans. Tâche compliquée dans une petite ville étriquée de province malgré le soutien sans faille d’une grand -mère, Mamie Aimée, la bien nommée. Les autres, qui préfèrent Madonna à Nana, sont cruels et coups et humiliations pleuvent sur ce garçon hypersensible aux grands gestes efféminés. Mais il faut se méfier de ceux qui possèdent des rêves plus grands qu’eux, ils ne renoncent pas.
Comment se construit-on ?
L’ ado solitaire résiste à tout, se coiffe d’une perruque, travaille sa voix et bientôt s’improvisera journaliste pour rencontrer son idole. « Il vivra alors de mots et d’encre », puisque celle-ci lui a assuré qu’il écrivait si bien ». Et un voyage à New York scellera une amitié comme on en vit peu au cours d’une existence, orages compris.
Récit d’une fascination, lettre d’amour à la « femme musique » aux 1500 chansons, ce livre, que l’on peine à qualifier de roman tant il est écrit avec les tripes, est surtout une formidable plongée dans les arcanes de l’identité. Comment se construit-on ? Peut-on décider de son destin ? D’un lotissement triste aux paillettes de l’Olympia, l’auteur apporte une réponse touchante et jamais mièvre. Le fan a grandi et il est devenu un écrivain.
