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L’enfant de divorcés et le puzzle de la culpabilité
Fanny et Tom sont des enfants divorcés ; pas seulement des enfants de divorcés. Coupés en deux, chacun. Car Fanny, la grande sœur, cède, avec l’inconséquence de ses douze ans, à la requête de sa mère : faire écrire à Tom la lettre qui lui fera en obtenir la garde. Restée seule avec son père qui les élevait jusqu’alors, ainsi qu’en avait décidé le juge, elle prend conscience de son erreur. Il est évidemment trop tard pour la réparer – ce à quoi elle s’emploiera cependant sa vie durant. Dans ce premier roman, Carole Fives (déjà auteur entre autres d’un recueil de nouvelles, Quand nous serons heureux, et d’un ouvrage écrit à quatre mains avec Amandine Dhée, Ca nous apprendra à naître dans le Nord) fait s’entremêler les voix et les points de vue. La sœur, le père, la mère s’expriment à tour de rôle. Seul le frère, qui est au cœur des préoccupations de chacun, reste muet. Que restera-t-il de cette enfance coupée en deux et de leur lien fraternel lorsque le frère et la sœur seront devenus grands ? Cette construction forme un puzzle d’où émerge la culpabilité de Fanny, attachante héroïne. En toile de fond, ces années 80 où le divorce, avec son lot de mensonges, de violences psychologiques et de lésions invisibles, se banalise doucement mais sûrement. Que nos vies aient l’air d’un film parfait se lit d’une traite et résonne d’une mélodie acidulée et entêtante comme la chanson dont les paroles donnent son titre au livre. Derrière l’apparente légèreté, la tristesse est infinie, les regrets sont éternels. Le divorce est une blessure irrémédiable, et c’est l’issue d’un mariage sur deux. Un premier roman polyphonique tout en sobriété et d’une grande justesse. Retrouver Sophie Adriasen sur son blog |
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