Le recueil de nouvelles que Cathie Fidler a récemment publié, Rêves de rencontres sur la Riviera (Nice, éditions Au Pays rêvé, 2014), est une vraie réussite. La Riviera est le cadre de ces nouvelles, mais cela ne doit pas laisser croire à des mondanités. Le ton de quelques-uns de ces récits est enjoué : dans « Un cœur en écharpe » (n° 10), les réparties de Mesdames Luciani et Trucchi relèvent d’un certain pittoresque populaire niçois. Bien d’autres de ces textes sont tout aussi émouvants, voire tragiques, comme celui relatant la fin de vie de « La Belle Otero » (n° 4), ou « Le cri des murs » (n° 11), dans lequel une fillette Rom parle d’un « vilain monsieur » portant une croix gammée sur sa veste. Comme tous les autres écrits, ce texte est suivi d’une note explicative rappelant le rôle qui avait été assigné à l’Hôtel Excelsior par le SS Aloïs Bruner ; celui de l’internement des futurs Déportés. Il en est de même du N° 8, qui évoque les deux Partisans Séraphin Torrin et Ange Grassi, torturés et pendus le 7 juillet 1944 à Nice par la Gestapo.
D’autres textes portent sur des personnages célèbres, tels que Romain Gary, Le Professeur Léon Schwarzenberg ou le peintre Yves Klein.
Cathie Fidler a donc intimement associé le réel et la fiction sous la forme d’une « ligne claire », comme on le dit de certaines BD. Il en résulte que tout en éveillant souvent émotion et compassion, une compréhension aisée de ce qu’elle retrace est offerte au lecteur. Avec la singularité propre à chaque situation, on est en même temps attiré par le texte suivant, comme si la succession de ces nouvelles constituait un ensemble bien lié.