Rhapsodie italienne
Jean-Pierre Cabanes

Albin Michel
octobre 2019
725 p.  22,90 €
 
 
 
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coup de coeur

Une fresque italienne majeure

Captivante, relevée, cette fresque italienne riche de faits, de rebondissements est à lire avant tout voyage en Italie et en Sicile. Au coin d’un feu, en plein hiver, cette épopée fera sens. « Rapsodie italienne » est une envolée historique. Superbement menée par Jean-Pierre Cabane qui délivre un kaléidoscope sur une longue période de 1915 à 1940. Le style est plaisant, souple, habitué à donner du son et du rythme. Semblable à cette oralité passionnante dont on retient chaque parole en sa mémoire. Ciselé, agréable, vif, il s’épanche en premier lieu pour le seul intérêt du lecteur pour ses dires. L’attention est grande. L’enjeu est capital. 723 pages de délectation, de sources vives. Une histoire de renom orne ce roman qui se déguste à petites gorgées. A contrario, les pages tournent à vive allure tant cette histoire est prenante, instructive, douée. Plusieurs lectures font de cette « Rapsodie italienne » un entrelac de plaisirs, de savoirs. Lorenzo, officier italien, Nino le sicilien. Deux hommes liés dans ce cornélien qui tel un aimant, font de la trame un jeu de couleurs, de sens, d’émotions, de contraires assemblés, dans un palpitant vénéré. Ici, se situe l’enjeu des différences entre deux camps, deux hommes emblématiques d’une Italie qui s’entretue à petits feux. Comment se frayer un chemin dans un corpus de dualité ? Comment ces deux êtres que tout sépare retrouveront-ils le point sensible d’une fraternité éclairante ? Lorenzo et Nino sont liés par la guerre, par les combats gémellaires d’une vie ancestrale à abolir, par les risques des batailles menées au front d’une Italie dont le manteau de haine s’amplifie. Dire l’acte qui va tout changer dans leurs consciences ? Non ! Lisez ce roman ! Tout va basculer après les vents d’horreur d’une guerre quasi fraticide. Lorenzo est fasciste. Nino « ancilu monstru » mafieux qu’on aime de toutes ses forces, est l’extrême opposé. Les deux astres d’un pays en feu et en sang. Jean-Pierre Cabane dirige ses protagonistes dans ces nuances floues, torturées, haineuses et déloyales dont la tête pensante est Mussolini. La Sicile laborieuse, altière, digne malgré la mafia dont on comprend les signes et dont on rejette certains faits est dans « Rapsodie italienne » un chant glorieux et émouvant. Les femmes sont elles aussi des héroïnes, des symboles historiques forts et le summum est là. Réussir à assembler les pièces d’un puzzle en touches historiques et romancées tout en restant fidèle au sceau italien. Ce roman est digne. De suspens, d’aventure, il est aussi une page mémorielle. Il est subtil et ses signaux sont forts. Il apporte cette pierre fondamentale à toutes réflexions indispensables et capitales. C’est une épopée resplendissante, magnétique qui touchera tous les lecteurs. Un grand film en devenir.

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