Malo, Lana –surnommée Catherine Deneuve-, Clémence, Thomas –alias Harry Potter-, Alexandre, Alice, Leo, Nieves, Vladimir, Douma, Summer, … ils sont nombreux les personnages qui habitent ce nouveau roman de Sonia Ristić. Paumés, vagabonds au grand cœur, adultes peu conformistes vivant en marge -par choix ou par réaction face à une société qui n’arrive pas à les intégrer-, ils forment une communauté à géométrie variable, joyeuse, militante, inquiète aussi.
Le noyau dur de ce groupe d’amis, hétéroclite, s’échine à faire vivre un squat où aspirations artistiques et construction d’un collectif solidaire se cognent parfois à une réalité plus abrupte. Entre tracasseries diverses, travaux d’emménagement et accueil de clandestins, leurs vies balancent. De la légère oscillation au tremblement de terre. L’auteure observe, s’émeut, raconte les prises de tête, les chambardements, le quotidien fait de petits boulots et de soirées arrosées et…les histoires d’amour. Nombreuses et singulières.
Les couples se forment, brinquebalants. Certains se défont, entre incompréhension et aspirations nouvelles. Les fans de cette romancière sensible auront plaisir à retrouver Doumba et Summer (« Des fleurs dans le vent », Editions Intervalles, 2018) ; ceux qui ne l’ont pas (encore) lue s’émerveilleront sans doute de cette langue poétique, vibrante, qui met si bien en lumière et en ombres la fragilité et la force de vie de ces hommes et femmes auprès desquels Sonia a vécu. Ils sont attachants ces fracassés de la vie aux allures de grands costauds (Malo et Alexandre), émouvants (comme Alice), solaires (Lana, Nieves) ou plus ancré (Thomas). Joliment incarnée, cette aventure collective emmène le lecteur sur des chemins de traverse où il fait bon flâner. Pour (d)écrire la vie de ce squat, Sonia a puisé dans ses propres souvenirs de l’aventure du Théâtre de Verre et son installation-réquisition dans un bâtiment rue de l’Echiquier, à Paris, entre 2003 et 2005. Il en découle une belle réflexion sur la création artistique. Sur comment vivre ensemble dans des espaces collectifs sans perdre sa singularité.