C’est une histoire d’enfance, une histoire qui se joue à deux contre un, puis à deux contre deux. Silke, étudiante de dix-neuf ans, est engagée pour l’année scolaire comme préceptrice d’une petite fille. A « La Favorite », nom de la grande maison, règnent une atmosphère glaciale, un silence imposé par une mère stricte, experte-comptable, et par un père artiste peintre frustré. Avec l’arrivée de Silke, Ludivine, solitaire et éteinte, s’éveille, s’autorise à être une enfant avec ses secrets, son amour de la nature, laissant libre cours à l’imaginaire et au jeu, construction de l’identité en même temps que refuge. En effet, Ludivine semble le personnage de trop dans le duo formé par ses parents absorbés l’un par l’autre, « deux cœurs unis d’amour, d’orgueil et d’égoïsme, indifférents à un troisième, exempt celui-là de toute cruauté ». Silke, elle-même à peine sortie de l’enfance, est là qui observe cette vie de famille singulière, injuste et parfois ridiculement inquiétante, témoin des mesquineries et autres humiliations silencieuses contre la fillette, à qui elle offre la légèreté et l’ouverture au monde. Dans ce roman bijou sur l’enfance, sensible et poétique, l’écriture de Michel Layaz est tantôt mélancolique, tantôt malicieuse, élégante de simplicité. Tout en délicatesse, il invente un monde voisin du conte, qui surgit au bout d’un chemin et disparaît comme dans un rêve.