Un jeune homme erre dans une gare. Il se fait aborder par un petit malfrat qui lui propose un cambriolage dans un immeuble huppé de la capitale. Dans l’appartement apparemment inhabité mais rempli d’œuvres d’art premier, les deux cambrioleurs trouvent une femme blessée… ils finissent leur cambriolage et le plus jeune des deux appelle les secours. Quad ceux-ci arrivent, la femme est retrouvée morte de plusieurs balles. Qui est la femme morte ? Pourquoi est-elle morte ? Pourquoi découvre-t-on d’autres cadavres ? Qui est le jeune homme errant de la gare : vrai bon samaritain ou vraie petite crapule ?
Tout l’intérêt du livre réside dans l’idée de Pascal Marmet de se réapproprier le thème typiquement américain de la vamp, de la femme fatale, sur fond de trafic d’œuvres d’art premier. Il rajoute en plus le hiatus consistant à nous présenter sa femme fatale sous la forme d’un cadavre dès le début du livre.
Pascal Marmet nous emmène sur les traces de sa vamp, de son passé parsemé de cadavres, de manipulations… et de maraboutage avec une petite touche de fantastique qui n’a pas été sans me déplaire, autour des œuvres d’art premier et du rôle des superstitions dans cet art aussi bien que dans un imaginaire collectif prêt à accepter cette part d’irrationnel.
Si le début du roman laisse un peu perplexe sur les orientations que l’auteur souhaite prendre, la machinerie se met petit à petit en place et tout rentre en ordre (de bataille) pour l’inspecteur et le lecteur. A partir du moment où on saisit le rapport de Pascal Marmet avec l’image de la femme manipulatrice, le roman prend une dimension beaucoup plus intéressante.
Je ne rentrerai pas dans le dur de l’histoire, dans les ramifications du passé de notre vamp, de ses accointances avec le milieu de la truanderie, pour ne pas trop déflorer la découverte des futurs lecteurs, mais ce polar est une agréable découverte, fort bien construit par l’auteur qui arrive, malgré une narration assez dense et une intrigue fouillée, à ne pas en faire trop, à travailler ses principaux protagonistes pour qu’on s’y attache (ou pas), s’amusant à présenter le jeune homme de la gare et sa femme fatale sous des dehors qui sont à l’opposé de ce qu’ils sont réellement…
On pourra quand même reprocher à Pascal Marmet d’avoir joué avec le feu et d’avoir tiré la grosse, que dis-je énorme, ficelle de la coïncidence qui veut que la jeune fille recueillie par l’inspecteur chez lui rencontre le jeune homme errant, s’en amourache et l’invite à déjeuner chez l’inspecteur… Cousu de fil blanc ? Oui… et hérissé de clous comme une statuette africaine. A part ça, je vous le recommande.