Today we live
Emmanuelle PIROTTE

Le Cherche Midi
romans
septembre 2015
240 p.  16,50 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
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coup de coeur nuit blanche

Magnifique coup de coeur absolu

Un immense coup de coeur. Nous sommes dans les Ardennes en décembre 44, c’est la contre-offensive allemande. Renée , petite fille juive de sept ans est confiée à la hâte à un soldat américain car l’ennemi arrive. Le problème est que son sauveur n’est autre qu’un infiltré faisant partie du commando Friedenthal – des polyglottes SS ayant pour mission d’infiltrer la résistance ou les alliés. Renée est juive, elle sera donc mise en joue pour mourir, mais quelque chose va se produire à ce moment précis entre cette enfant et ce soldat, Mathias. Renée va légèrement tourner la tête pour voir son agresseur, leurs regards vont se croiser et Mathias tirera mais pour exécuter son collègue et sauver Renée. Pourquoi il l’ignore mais une chose est certaine la relation qui va se tisser entre eux deux sera incroyable, intense. Renée se sent en sécurité avec Mathias, elle lui fait pleine confiance. C’est un ennemi certes mais l’attitude de la fillette est incroyable, elle veut vivre. Elle est d’une lucidité désarmante. Un récit magnifique, palpitant qui nous démontre que l’humanité existe, et que l’instinct de survie permet de supporter tant de choses. Au départ écrit comme un scénario, l’histoire a été remaniée et nous donne un premier roman Magistral empreint d’émotion et d’humanité. C’est très visuel, on est presqu’avec eux dans cette ferme, dans cette forêt. C’est plein de vie et de réalisme avec quelques expressions et discours en wallon qui apportent une grande authenticité au récit. Ce livre m’a émue aux larmes et est un immense coup de coeur. Ma note : ????? L’adaptation cinématographique devrait voir le jour, à suivre, je l’espère de tout coeur. Les jolies phrases Le mot « Juif » constituait un véritable mystère. Renée s’était juré de le percer un jour, et surtout de comprendre pourquoi ce mot rendait les gens tantôt lâches, comme le père de Marcel et Henri, tantôt méchants comme Françoise ou Marie-Jeanne, tantôt courageux et fraternels comme les fermiers de l’autre campagne, soeur Marthe du Sacré-Coeur, le curé ou Jules Paquet. C’est ça qui tracassait Renée par-dessus tout, ce que ce mot déchaînait comme émotions, la faculté qu’il avait de mettre les êtres à nu. Pour la première fois de sa vie, en compagnie d’un soldat allemand, Renée avait oublié qu’elle était juive. Wâpamiskw, un grand chasseur cri, lui avait expliqué que, parfois, il arrive que le chasseur rate sa proie, parce qu’elle n’est pas prête à mourir, parce qu’elle est plus forte que le chasseur. Alors il faut s’incliner devant la vie, et rentrer chez soi. Au fond, ce qui faisait que les nazis ne deviendraient jamais les maîtres du monde, c’était leur manque total de sens de l’humour. Et, corrélativement, leur inaptitude à l’autodérision. Le peuple juif pouvait bien avoir été gratifié de toutes les tares possibles et inimaginables, il avait une supériorité incontestable sur la race germanique, quoi qu’en pensât le Führer. Une semaine plus tard, il prêta serment dans la SS, se fit tatouer un numéro de matricule sous le bras gauche. Comme les Juifs, s’était-il dit. L’élite avait droit à ce traitement, de la même façon que le fin fond du panier. C’était d’une logique implacable, en réalité : pour que le jeu soit parfait, c’est-à-dire équilibré, il fallait que les bons et les méchants existent en miroir les uns des autres. Les nazis rêvaient de bannir les Juifs de la surface de la Terre, mais l’anéantissement du peuple juif entraînerait ipso facto celui des nazis, puisqu’une des principales raisons d’être du nazisme était précisément l’extermination des Juifs. Le pur nazi ne se définit que par son contraire et sa négation, le Juif. Sans lui, il retourne au néant. C’est vertigineux, mais cela avait sans doute le mérite d’expliquer pourquoi on avait choisi une chose aussi moche, douloureuse et infamante que le tatouage d’un numéro sous le bras comme signe d’appartenance à la crème de la société, comme à sa lie. Cette enfant lui insufflait une force, un élan vital, un goût de l’existence nouveau qui le galvanisaient et l’asservissaient plus intensément que tout ce qu’il croyait être les moteurs de son existence : la transe du combat, l’imminence du danger, la passion du risque, et la peur de la mort.

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