Tout homme est une nuit
Lydie Salvayre

Seuil
CADRE ROUGE
octobre 2017
 18,50 €
ebook avec DRM 6,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Vivre ensemble, d’accord, mais chacun pour sa pomme !

La maladie se pointe comme une invitée surprise, elle distille dans son coeur un poison qui le rend insupportable à tous ses proches. Il décide de partir pour éloigner cette maladie et Lucile son ancien amour. Il part vivre en Provence avec l’espoir de se faire une place dans le village, mais Anas a le teint et la chevelure sombre, c’est pas qu’on soit raciste par ici, mais on se méfie des étrangers. Seule Mina la serveuse, qui a le coeur aussi généreux que sa poitrine, semble vouloir lui parler.

Ils s’appellent Emile, Dédé, Etienne et Marcelin ils sont les piliers de bar du café des sports, à coup de petit rosé ou de pastis en surdose, ils refont le monde et épient les faits et gestes de l’étranger, une sorte d’inquisition basée sur la peur et surtout la bêtise. Une conversation alimentée par les images de la télévision de migrants qui débarquent pour envahir le sol national, des oiseaux de malheur comme Anas. Pauvre France, vivement qu’elle soit gouvernée !

L’auteur fait ressurgir toutes ces choses torves embusquées tout au fond du coeur, et un jour on crache, on se vide dans un dernier sursaut, on devient abominable, car tout homme est une nuit, faut que ça cogne, faut que ça saigne, du moins en paroles. Et pourquoi ne pas organiser une chasse à l’homme comme une battue au sanglier ! Une battue à l’homme étranger à titre préventif.

Lydie Savayre nous interroge, pourquoi le fanatisme, la violence verbale et parfois physique fascinent autant les plus faibles. Chronique d’une France profonde qui petit à petit exclue les pas–pareils, les pas-conformes, les pas-de-chez-nous, mais le rejet attire les malheurs dont on cherche précisément à se prémunir, les conflits, les guerres naissent de ces infections.

Bien sûr cette description d’une France qui rejette l’autre peut sembler outrancière, cette recherche par des villageois d’un bouc émissaire qui doit payer pour tout ce qui fait leur triste vie semble exagérée, mais ne doit-on pas forcer le trait pour faire toucher du doigt que la bête immonde ne demande qu’à se réveiller et qu’il faut être vigilant. L’auteur n’hésite pas à utiliser un langage cru pour rendre son récit encore plus réel. Un roman , car c’est bien d’un roman qu’il s’agit, qui nous interroge,une fois sa lecture terminée.

partagez cette critique
partage par email