Guillaume Trimbert est un écrivain, plutôt connu mais plutôt sans succès littéraire à proprement parlé, suivi de près par les services secrets français et notamment Agnès Delvaux qui semble obnubilée par la figure de Guillaume Trimbert. Cet écrivain intéresse à travers le prisme d’un phénomène gardé secret, celui de l’Eclipse : certaines personnes décident de disparaître en laissant derrières elles famille, amis, travail…
Le livre est constitué de deux voix principales : celle de Guillaume Trimbert qui dévoile petit à petit ses ambitions ou envies et celle d’Agnès Delvaux qui piste Guillaume Trimbert, le débusque, pénètre chez lui quand il n’est pas là … Ces deux parties se recoupent, se complètent, s’alimentent, s’entretiennent.
Dans un bouillonnement culturel et politique, dans un monde en rupture, Jérôme Leroy prépare le terrain pour la disparition de la société telle qu’on la connait aujourd’hui et comme il la présente déjà dans des livres publiés chez Syros. Un monde d’après où la violence a disparu.
L’Eclipse fonctionne comme le révélateur d’une décrépitude de la société et des idées, d’une lassitude, d’une errance des valeurs, d’une déliquescence, comme le signe invisible d’une réalité qui ne tardera plus à s’imposer. Le livre se situe à la frontière de cette rupture et la nouvelle société commence à émerger de cette atmosphère révolutionnaire décrite par Jérôme Leroy.
Au-delà du regard acerbe et sans concession de l’auteur sur la société, surgit de ce texte engagé un amour inconditionnel pour la poésie. Elle est partout, citée, cajolée, embrassée, chouchoutée, mise sur un piédestal. Comme si la poésie pouvait représenter un ultime recours à la barbarie, au chaos et porter un nouvel espoir. Je ne serai pas loin de partager l’avis de Jérôme Leroy.