critique de "Vie de Gérard Fulmard", dernier livre de Jean Echenoz - onlalu
   
 
 
 
 

Vie de Gérard Fulmard
Jean Echenoz

Minuit
romans
janvier 2020
240 p.  18,50 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

« La vie de Fulmard » de Jean Echenoz
est le coup de coeur de la librairie Tome 7 à Paris 
dans le q u o i  l i r e ? #92

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Noir, brutal, ironique et grinçant

On retrouve dans le nouveau roman de Jean Echenoz les ingrédients qui font habituellement son succès : antihéros, envers de la politique peu reluisant, parodie du roman policier, du roman d’exotisme, hasards et accidents improbables. C’est noir, brutal, ironique et grinçant.

Tout commence par une scène tonitruante : un débris de satellite soviétique tombe sur un hypermarché à quelques pas du domicile du personnage éponyme, rue Erlanger, sise dans le 16e arrondissement de Paris et connue pour être maudite, d’où l’absence d’étonnement et d’effroi chez Gérard Fulmard, ancien steward au chômage, licencié pour faute grave. Après l’ouverture éclair d’un cabinet de détective privé qui se solde par un échec, ce dernier, par l’entremise de son psychiatre, est embarqué dans une sordide affaire de vengeance politicienne. En effet, les cadres du FPI, parti populiste mineur crédité de 2% des suffrages, sont fébriles : après la disparition de leur secrétaire nationale, les requins sont légion qui veulent prendre sa place et rebattre les cartes de la formation. Cependant, rien ne peut se faire sans l’aval de son président Franck Terrail, compagnon de l’infortunée secrétaire secrètement amoureux de sa belle-fille. Quel est le rôle de Gérard Fulmard dans ces intrigues politicardes ? Il ne le sait pas très bien lui-même, jusqu’à ce qu’on lui remette un pistolet et une enveloppe remplie de billets. De quartiers louches en somptueuses villas, de complots en petits arrangements, de trahisons en chantages, la vie médiocre de Gérard Fulmard se perd sur les chemins pavés de mauvaises intentions qui mènent au sommet de la vanité.

 

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 Les internautes l'ont lu
on n'aurait pas dû

Un livre pour rien

Chaque livre de Jean Echenoz est attendu avec impatience. Echenoz est certainement un de nos plus brillants écrivains et son écriture est reconnaissable entre mille : d’une habileté redoutable, mêlant une facture classique à des trouvailles de potache, jouant de différents niveaux de langue et d’à peu près réjouissants.
L’intrigue de ce dernier roman est embrouillée à souhait, en tout cas assez pour que le personnage principal, Gérard Fulmard, s’y perde complètement. Cet apprenti détective qui ne tire sa science que des quelques polars qu’il a lus et qui pense qu’il suffit d’une plaque pour attirer le client, se trouve embringué dans une histoire qui le dépasse complètement – il est pourtant prêt à tout et accepte les missions les plus improbables, sans se rendre compte qu’il est, depuis le début, manipulé par son psychanalyste.
Le dit psy fait partie d’un mouvement d’extrême droite où l’argent du fondateur coule à flot, où les cadres se livrent une guerre intestine impitoyable pour assurer leur avenir au plus haut poste quand le fondateur aura disparu – ce qu’a déjà fait sa femme, pour des raisons obscures, et que la presse parle d’elle, mais elle est bien vivante et son retour n’aura guère d’échos – ; ces jeunes loups sont prêts à se débarrasser de leur chef quand il apparaît qu’il n’est plus à la hauteur de sa tâche et que nourrissant un amour passionné pour sa belle-fille il entend lui confier le poste de sa mère…Dans cet embrouillamini, Fulmard accomplit à temps et à contre-temps ce qu’on attend de lui – il espionne, mal, il tue, mal aussi.
Chaque piste ouverte est très cavalièrement refermée par l’auteur qui se réjouit visiblement des tours et des détours de ses fantaisies. Est-ce une satire de d’un parti politique existant ? Peut-être, mais certainement pas de ses idées parce que la Fédération populaire indépendante n’en a pas, en dehors de quelques slogans creux. Une peinture au vitriol du mode de vie de gens bourrés de fric ? Oui, c’est drôle, mais pas forcément méchant.
Et c’est ainsi qu’on arrive au terme du livre. Que l’anti-héros Gérard Fulmard meurt parce qu’on n’a plus besoin de lui, l’auteur comme les cadres de la FPI.
Et le lecteur se demande ce qu’il lui restera de cet exercice. Pas grand chose, je pense. Un petit sourire amusé devant des pirouettes qu’il aura oubliées sitôt le livre refermé. Et le regret, sans doute, que tant de qualités soient gaspillées pour un résultat aussi mince.

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on n'aurait pas dû

Deux mots sur l’histoire : un dénommé Gérard Fulmard, anti-héros très ordinaire, tente de créer une espèce d’agence de détective et finit par être employé par des membres d’un parti politique pour zigouiller l’un d’entre eux.
Mon ressenti sur le roman : grosso modo, ça donne ceci :
p 7 à 15 : entrée en matière in medias res (ok)… un gros fragment de satellite soviétique vient de tomber sur un supermarché situé pas loin de l’appartement du narrateur (ok)… on attend la suite…
p 16 à 22 : présentation du personnage… j’aime assez, notamment le « je ressemble à n’importe qui en moins bien », certainement la meilleure phrase du roman…
p 23 à 45 : commence ce qui m’a TERRIBLEMENT ennuyée tout au long du récit : un énorme imbroglio politicien (auquel on ne comprend pas grand-chose et qui ne débouche sur rien, je vous rassure, mais ah, ah, ah, c’est très tendance -bien qu’un peu passé de mode, non ?-, très « Nouveau Roman » les leurres, les fausses pistes qui nous interrogent sur la notion d’horizon d’attente romanesque, de contrat de lecture… – j’ai tout un cours sur la crise du roman au XXe siècle si ça intéresse quelqu’un-) autour de la F.P.I (Fédération Populaire Indépendante) et des « personnages » (je mets des guillemets, c’est plus prudent) que j’ai toujours confondus (mais c’est voulu, ah, ah, ah, on n’en est plus chez Minuit à la notion de personnage, Sarraute est passée par là… quelle ringarde je fais!) à savoir (dans le désordre, de toute façon, on les mélange tous) : Franck Terrail, Nicole Tourneur (qui se fait enlever je crois, puis on la retrouve mais tout le monde s’en fout, ah, ah,ah…), Louise Tourneur (c’est elle qui se baigne dans une piscine, non ?), un certain Mozzigonaci (qui est-il ? Aucune idée, mais sait-on qui on est ? ), Cédric Ballester (lui, on en parle souvent mais je ne sais plus pourquoi), Joël Chanelle (?) … etc…etc… (ah ah ah et la critique de se pâmer sur l’originalité des noms propres chez Echenoz… mouais, mouais, mouais… passons…)
On continue.
p 46 à 54 : installation du narrateur… On sent que ça se veut vaguement drôle… allez, on sourit, pour être poli (c’est Echenoz tout de même…) Bon…
p 55 à 68 : rebelote, les histoires de la F.P.I auxquelles on ne comprend toujours rien… Long tunnel… On reste patient (Echenoz), on ne s’endort pas (Echenoz), on tente de rester concentré (Echenoz).
p 69 à 77 : le narrateur trouve un client… Bon…
P 78 à 102 : long long long tunnel F.P.I…
p 103 à 108 : où l’on parle de Mike Brant… Pourquoi ? Ne me posez pas la question… C’est original ce passage sur un homme qui a habité la même rue que le narrateur, non ? Faites pas d’effort surtout !
p 109 à peu près jusqu’à la fin (mais là, j’avoue que la coupe était déjà pleine)  : long, ultra long tunnel F.P.I… J’avais décroché et je n’avais qu’une hâte : rendre le bouquin à la bibli. Merci.
Le livre aurait-il passé le test d’une dégustation à l’aveugle ? Pas sûr !
Estampillé « Minuit » ou « Echenoz », ça change tout…
Oui, oui, d’accord, il sait manier la langue, l’ironie et n’utilise, paraît-il, jamais de point de suspension parce que, d’après le magazine LIRE, chez lui rien n’est laissé au hasard… De là à dire qu’on se régale à chaque mot… n’exagérons rien!
Oui, oui, d’accord, il joue avec la narration (changements de point de vue à l’intérieur d’une même phrase, interventions inattendues de l’auteur, multiples digressions, décalages entre ce qui est décrit et le niveau de langue employé) et c’est parfois amusant, mais franchement, on en est encore là ? Sans rire, ces procédés, vus et revus, sont éculés depuis un bon bout de temps et ce qui pouvait surprendre, amuser, déranger même il y a soixante ans ne produit plus vraiment l’effet escompté et tombe un peu à plat…
Tout ça sent le vieux et le réchauffé…
Je vous le laisse…

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