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Cœur battantHyam Zaytoun publie un premier roman bouleversant dans lequel elle raconte l’infarctus de son compagnon suspendu entre la vie et la mort, figeant l’espace et le temps. Sans pathos, mais avec des mots clairs et justes, l’auteure nous plonge en apnée dans ce cauchemar éveillé. C’est un bruit étrange qui réveille la compagne d’Antoine, puis plus rien : le cœur de ce dernier s’est arrêté de battre. Lumières allumées, urgences en ligne, Hyam entame un massage cardiaque au-delà de ses forces, trente longues minutes au bout desquelles les secours prennent le relais ; après l’opération, Antoine est plongé dans un coma artificiel. Débute alors l’attente insupportable assortie d’un sombre pronostic. Autour, une miraculeuse toile de solidarité se tisse spontanément : amis, famille, voisins, collègues, tous entourent la jeune femme et ses enfants, la portent à bout de bras, insufflant confiance et énergie, se relayant au chevet du malade, et formant un cocon autour de cette famille en sursis. Hyam est terrifiée mais ne veut pas renoncer à l’espoir, elle est la vigile, celle qui veille dans la nuit obscure, avec cette croyance ancrée depuis l’enfance que par ce rôle, elle protège les siens du malheur, luttant contre l’impensable, la mort, et l’avenir, seule avec ses enfants. Pendant ces trois jours en suspens, les souvenirs affluent : la mise au monde de son fils, un voyage à Calcutta, les absences de son père, sa vocation précoce de comédienne et les mots de Claudel… Autant d’expériences qui ont forgé son caractère énergique et solide, capable de tout endurer sauf ça, la mort de son aimé auquel elle s’adresse dans ce livre magnifique, comme si le « tu » avait le pouvoir de ramener la vie à soi. Autant d’humanité, de gratitude et d’amour dans un récit aussi resserré lu d’une traite et la gorge serrée, cela tient d’un vrai talent.
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coup de coeur
nuit blanche
Vigile
Vigile, gardien, personne qui veille. Un titre bien choisi. Un premier roman éblouissant. L’auteure reconstitue un épisode de sa vie qui est arrivé cinq ans plus tôt. Antoine, l’homme qu’elle aime de toutes ses forces fait un arrêt cardiaque. Étrange d’être éveillé par le silence, d’être en alerte. Commence un combat entre la vie et la mort. Elle appelle les secours et commence un massage cardiaque, une force l’anime. Une respiration, un retour à la vie, une nouvelle mise au monde ! Elle pense à la naissance de Margot et Victor leurs enfants. L’auteur s’adresse à la première personne, c’est puissant. Malgré ses peurs et sa détresse elle trouve la force et se bat pour deux. Trente minutes d’arrêt cardiaque, c’est long . Commence l’attente, elle est présente à ses côtés, vigile prenant soin de son amour. Elle l’entoure, lui parle. Ses amis remplissent l’espace, la chambre d’espoir et d’amitié, ils lui témoignent amour et solidarité. Elle lui parle sans cesse, se remémore avec lui la naissance de cet amour. Elle le touche, lui dépose une écharpe en Cachemire entre les mains, le souvenir de leur voyage à Calcutta, la conception de leur enfant de la mousson. Elle passe par différents stades ; le doute, la peur mais ne lâche rien, elle veut ‘entourer. Une histoire d’amour malgré l’attente difficile, elle est présente toujours pour mener ce combat. C’est bouleversant, sublime. Un récit qu’on lit en apnée. un récit qui touche à l’intime. C’est pudique. Le style est sobre d’une justesse incroyable. La plume est sensible, d’une délicatesse rare, elle nous transmet ses émotions. Une écriture superbe tout en retenue. J’avais l’impression d’être concernée, de ressentir le doute, l’espoir, de vivre cette attente. C’est juste magnifique, impossible de ne pas être submergée par l’émotion, l’intensité du récit, je n’ai pas retenu les larmes . Un récit qui me poursuivra encore longtemps. Une pépite à découvrir de toute urgence. Un immense coup de coeur Les jolies phrases Ta vie précieuse entre mes mains, mon chéri, c’est tellement difficile… Souffler. Inspirer. Tout entière plonger dans une vague, qui me porterait au-dessus. L’autre lame est puissante, s’enfonce jusqu’au entrailles et éclate le cerveau. J’obéis. En pilotage automatique, mais avec ce soulagement étrange, stupide, de n’avoir plus toute ta vie entre mes mains. Puisqu’ils sont arrivés. La vie sans l’autre, quand on l’a partagée si longtemps, est-ce qu’on s’y habitue ? Peut-être que leur papa ne s’en sortira pas. Mais je veux qu’ils soient entourés. Que l’école soit joyeuse pour eux. C’est cela que je dis, dans le bureau de la directrice. Et parce que cette femme, que je connais à peine, laisse couler ses larmes, les miennes aussi jaillissent. Tendre de fils pour ne pas se laisser submerger par la déferlante. Mon amour je le savais, tu es entre la mort et la vie. Mais ton coeur bat. Tu es plus vivant que tout à l’heure. Alors je veux me raccrocher à la pensée de te retrouver. Oui je me sens soudain si coupable. De ne t’avoir pas protégé, pas assez aimé, pas assez regardé. Si j’avais su, est-ce que j’aurais pu ? Est-ce que l’on s’aime en s’épargnant ? Alors que je te parle, te dis à voix haute ces pensées qui me traversent, parce qu’il faut bien parleer, oser. Cela, toi et moi on sait le faire, ouvrir notre coeur à ceux qui se taisent. Et l’on a perdu la pudeur, parce que les mots sont écrits par d’autres et c’est comme un costume que l’on prend pour mieux se dévoiler. Mon homme entre la mort et la vie . Qui pourrait consoler l’autre ? La patience, que je n’ai jamais eue, je veux l’avoir pour toi. Je n’ai que cela à faire, attendre et sublimer. Tant que je parle, rien n’est fini, mon amour. Négocier. Oui, négocier encore. Même si c’est vain. Simplement pour ne pas sombrer. Retrouvez Nathaie sur son blog |
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