La critique invitée
Marianne Payot (L’Express)
a aimé « Fin de mission » de Phil Klay (Gallmeister)
« Phil Klay est un Américain de trente-et-un ans et son premier livre a été couronné par le « National Boook Award ». Ce jeune homme de bonne famille s’est engagé dans les marines, en 2005, par patrotisme familial. Il s’est retrouvé en Irak où il est resté treize mois. Ça laisse des traces. A son retour, il est entré à l’université, à New York, pour suivre un master de creative writing, durant lequel il a lu beaucoup de témoignages de guerre. Il publie donc un recueil de douze nouvelles, avec douze narrateurs différents, chacun d’eux étant un vétéran de la guerre. Il y a un aumônier, un membre des affaires mortuaires, un agent du service diplomatique etc. Chacun raconte la guerre vue de son poste. Ce qui est aussi très intéressant, c’est le retour au pays, et l’incapacité à reprendre une vie normale dans une banlieue aseptisée. L’écrivain porte un regard intelligent, pertinent, humaniste sur les jeunes engagés volontaires. Tout est fictif, mais tout est crédible. On découvre les motivations de ces soldats : l’un désirait quitter une vie qu’il trouvait trop paisible, l’autre voyait dans l’engagememnt une possibilité de faire avancer sa carrière, un troisième voulait défendre la nation… On assiste à des scènes de guerre étonnantes, d’autres complètement absurdes et même bizarrement drôles. La journée, ce sont des guerriers sanguinaires, et le soir des gosses qui jouent à la console. J’ai été totalement envoûtée par ce livre qui parle du bien, du mal, de la culpabilité, de la honte. Et de l’indifférence de ces Américains qui envoient leurs enfants se faire tuer et vivent comme s’il n’y avait pas de guerre. »
Propos recueillis par Pascale Frey
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