o n l a v u Compliqué de circuler. Impensable de voyager. Impossible de franchir l’océan Atlantique… Grâce à Mozart, rien de tout cela. C’est en filigrane ce que raconte la pétillante « Mozart in the Jungle » pourtant créée bien avant la pandémie mondiale. Une série basée sur « Mozart in the Jungle : Sex, Drugs, and Classical Music » dans lequel une hauboïste, Blair Tindall, racontait par le menu son parcours dans les coulisses du monde de la grande musique. Au fil des pages, le profane découvrait, qu’au-delà des apparences, l’univers du classique est aussi rock que Mozart l’était à son époque. Tous les coups y sont permis. Et tous les excès, pratiqués. Aux antipodes de l’image feutrée qu’il pouvait s’en faire… La série débute à New York où une jeune musicienne tente de survivre assez longtemps pour percer. Entre leçons particulières et piges dans des orchestres de comédies musicales de série Z jouées sur Broadway, Hailey Rutledge (Lola Kirke) fait frénétiquement des gammes sur son haut-bois entourée de jeunes artistes qui rêvent, eux aussi, d’accéder au paradis des musiciens : le Philharmonique de New York. A la faveur des adieux du chef d’orchestre et de l’arrivée de son successeur le très fantasque Rodrigo, elle se voit offrir la chance de côtoyer les plus grands sur le banc des remplaçants. La voilà plongée dans une tribu dont elle va devoir apprendre les codes en accéléré. C’est dans un tourbillon de gaité que nous entraînent les créateurs Roman Coppola, Jason Schwartzman et Alex Timbers. Un prisme délicieux et réjouissant qui n’élude pourtant aucun des enjeux fondamentaux que doit affronter une formation musicale d’un tel niveau dans le monde d’aujourd’hui. Et qui n’empêche pas de poser une question aussi cruciale que faustienne : pour survivre l’art n’a-t-il d’autre choix que celui de se soumettre aux lois du business ? La pression est considérable. Il faut convaincre les riches donateurs. Donc raisonnablement transgresser. Mais où exactement placer le curseur dans une jungle autrement dit un éco-système impitoyable. Quel est le prix acceptable du succès ? Loin d’un parti pris moralisateur, « Mozart in the jungle » brille en embrassant la grammaire du soap opera et en la transcendant grâce à un joyeux bordel désorganisé. A la baguette donc Rodrigo parfaitement incarné par Gael García Bernal qui s’éclate à jouer l’agitateur surdoué. Un personnage d’ailleurs inspiré par Gustavo Adolfo Dudamel Ramírez, qui a été à la tête de l’orchestre philharmonique de Los Angeles. Un maestro irrésistible qui entraînera dans son sillage la jeune Hailey conquise par son immense talent et sa folie créatrice jusqu’aux canaux de Venise. Une vraie promesse de voyage… qui sera tenue. « Mozart in the Jungle » 4 saisons, sur Amazon Prime |
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