Pierre Vavasseur (Le Parisien) a aimé
La Grande Arche de Laurence Cossé (Gallimard)
«Lorsque j’ai fait un premier tri des ouvrages de la rentrée, ce titre était celui qui m’attirait le moins. Mais il s’est produit quelque chose d’irrationnel – il faut me croire- : j’ai un petit ange qui m’a tapé sur l’épaule et m’a dit : « tu devrais regarder ce livre ». Cela m’était déjà arrivé pour « En finir avec Eddy Bellegueule », et le voici qui recommence avec « La grande arche » de Laurence Cossé. Je l’ai donc pris, mis mon nez dedans et j’ai découvert un véritable western !
C’est un roman formidable qui raconte l’un des ultimes projets de Mitterrand. Laurence Cossé attrape le sujet par tous ses faisceaux : politique, car se dessine entre les lignes un portrait de Mitterrand qui gère tout, dirige tout. Elle entre dans les moindres détails qui constituent le ferment du livre, et elle vous fait pénétrer dans un univers que l’on ne connaît pas.
Il y a aussi l’aspect architectural. Cela pourrait être aride, c’est passionnant. Le Danois, Johan Otto von Sprechelsen, dessine son projet sans se préoccuper de savoir comment ça va tenir debout. Et lorsqu’il débarque sur le chantier, il est paniqué car il a l’impression qu’il n’en verra jamais la fin. Il y a énormément de scènes amusantes, comme celle où il arrive à l’Elysée en sandales, et cette autre où il oblige Mitterrand à se mettre à genoux devant la maquette qu’il a posée sur une table basse.
Ce n’est pas un livre froid, mais brûlant. L’arche se retrouve au centre de complots de toutes sortes et peu à peu, Sprechelsen se fait voler son projet, le choix des matériaux est modifié parce qu’ils étaient trop chers par exemple… Et, peu à peu, cela va le pousser vers la mort.
Laurence Cossé aligne à la fois les éléments bruts de l’enquête et l’aspect romanesque. Ce livre donne envie d’aller sur place, ce que j’ai fait à vélo. C’est vraiment un de mes grands coups de cœur de la rentrée. »
Propos recueillis par Pascale Frey
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