o n l a v u La fragilité. Un sentiment qu’on assume rarement publiquement. Le sujet du moment. Le confinement est propice au lâcher prise. Dans « Better Things », dont la saison 4 est actuellement en diffusion sur Canal Plus, il n’est question que de cela. La fragilité. Celle d’une quinquagénaire, qui élève ses filles seule à Los Angeles et tente de survivre comme actrice dans une industrie qui considère que tu as raté ta vie quand tu n’es plus une femme de trente ans. Difficile de lutter contre l’inéluctable. voir la bande annonce (en anglais) Pour Sam Fox, l’héroïne, chaque journée est donc un défi. Un défi qui se révèle très cathartique pour nous. Car son intimité est la nôtre. L’a été. Ou pourrait le devenir. Prenez ses enfants. Max, Frankie et Duke. La première a pleinement vécu sa crise d’ado. Les suivantes sont toujours à l’âge de la mère « on demand ». De la place pour elle, Sam, en a peu. Elle donne tout à ses filles. Sans se raconter que c’est facile. Son costume de mère courage menace souvent de céder aux entournures. Il y a les jours où ça déborde. Les jours en trop. Scène hallucinante où elle va chercher deux de ses filles à l’aéroport qui s’installent tranquillement dans la voiture laissant à Sam la charge de porter leur valise et qui répondent à leur grand-mère que cela n’est pas un problème parce que ce n’est pas lourd… Il faut dire que, d’habitude, ce n’est pas le miroir que lui tend sa propre mère qui aide. Les excentricités de celle-ci renvoie à celles que Sam se refuse. À ses choix. À son choix. Celui de mener de front deux vies et demie. En plus de sa famille et de son boulot, Sam Fox se rappelle de temps en temps qu’elle est une femme. Et que son intimité à elle compte aussi. Ce terrain-là n’est pas plus stable. Il l’est même encore moins. Que lui reste-t-il de nuits sans lendemain sinon le besoin impérieux d’écouter Joni Mitchell. De se rouler en boule dans la mélancolie. En priant pour que tout ça passe éventuellement… « Better Things » investit le terrain de la charge mentale et de la condition de la femme. Elle l’aborde par le prisme de la douce amertume. Avec délicatesse et pudeur. Mais aussi frontalement. Elle est puissante car elle est sincère. A l’image de sa co-créatrice Pamela Adlon qui s’y engage entièrement puisque Sam, c’est elle. Elle le sait, elle l’incarne. Elle l’assume. Le revendique. S’y projette. Depuis son lancement en 2016, la série est une version dramatisée de sa vie. Elle s’y livre tellement qu’elle perturbe même son frère dans la vraie vie, pourtant à des kilomètres de son parcours d’artiste. La preuve par sa confidence au magazine américain « Vanity Fair » au lendemain de la première de cette nouvelle saison. « Mon frère le Républicain a pleuré toute la nuit, lance-t-elle joyeusement. Mon faiseur d’argent de Républicain de frère à a pleuré comme une fillette ». C’est dire si la finesse de son écriture et de sa réalisation a le pouvoir de submerger des montagnes…
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