o n l a v u Dis moi comment tu t’exprimes, je te dirais qui tu es. Dans « The Loudest Voice » actuellement sur Canal Plus, il n’est question que de bruit. Le bruit qui occupe l’espace public jusqu’à modifier la physionomie des démocraties. La mini-série, créée sur Showtime, nous entraîne dans les coulisses de ce qui se révèle être le plus grand hold up électoral du siècle. Celui planifié par les ultra conservateurs dès le lendemain de l’élection de Barack Obama. Une poignée d’hommes dont Roger Ailes, un conseiller politique spécialisé dans les médias, blêmissent à l’apparition du visage du premier président afro-américain sur CNN. Le changement qu’il promet à l’Amérique est à l’opposé de leur crédo. Dès la première minute de sa présidence, ils mettent tout leur poids dans la balance pour discréditer l’homme et faire échouer sa politique.Convaincus que les médias traditionnels ont choisi le camp démocrate. Approché par Rupert Murdoch, qui souhaite ajouter à son empire médiatique une chaîne d’info, sous la présidence de George Bush, Roger Ailes se lance dans la création de Fox News. Une chaîne d’info en continu qui porte mal son nom. Puisque Ailes l’utilise immédiatement comme une arme de désinformation massive. Il ne dit pas aux Américains ce qu’ils doivent savoir mais ce qu’ils veulent savoir. Il fait marteler un message rassurant à cette moitié d’Amérique blanche cornerisée par la mondialisation. Et désespérément en manque d’un sens à la marche du monde qu’elle ne comprend plus. Mastermind diabolique, Ailes invente un concept qui finira par fracturer les États-Unis : les fake news. Chaque rumeur sur Obama fait son chemin jusqu’à l’antenne. Peu importe qu’elle soit vérifiée. Les téléspectateurs doivent savoir. C’est à eux de juger. Un pilonnage en règle qui finira par agacer Murdoch, pourtant connu pour son conservatisme. Un pilonnage en règle qui conduira Trump à la Maison-Blanche. « The Loudest Voice » est captivante car elle nous promène dans les synapses de l’homme qui a permis au populisme de remporter par KO son match contre le journalisme. Redoutablement intelligent et manipulateur, Ailes détournera toutes les valeurs chères au cœur de l’Amérique profonde pour le bénéfice de quelques-uns. Une manœuvre qui fera la réussite de Fox. Une réussite qui détruira nombre de femmes en chemin. Car Ailes fera du harcèlement sexuel et moral une culture maison. C’est l’autre volet de la mini-série. Elle zoome sur un prédateur. Elle instruit sur la manière dont le mécanisme de destruction opère. Servie par un Russel Crowe méconnaissable, « The Loudest Voice » gêne, dérange, donne à comprendre un monde dans lequel celui qui parle le plus fort finit par gagner. Marianne Levy Découvrir d’autres séries |
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