l’ i n v i t é e Tatiana de Rosnay a lu et aimé « La Chaleur » de Victor Jestin (Flammarion) « J’ai découvert ce livre d’un jeune homme de vingt-cinq ans, Victor Jestin, car je faisais partie du prix du premier roman Stanislas, en collaboration avec le salon de Nancy. J’ai donc lu pour ainsi dire tous les premiers romans de la rentrée littéraire de 2019, et j’en ai retenu plusieurs dont « Le bal des folles » de Victoria Mas, et celui-ci. L’histoire racontée du point de vue d’un adolescent de 17 ans, Léonard, se passe dans un camping des Landes, en pleine canicule. Ce jeune homme mal dans sa peau fait la connaissance d’une bande d’ados avec lesquels ça ne se passe pas bien. Un soir, alors que tout le monde a trop bu, un de leurs copains meurt, étranglé par les cordes d’une balançoire. Léonard n’a pas su quoi faire, il n’a pas été capable de le sauver. A-t-il paniqué ? Est-ce que rester immobile est la même chose que tuer ? Ces doutes le poussent dans une spirale infernale. Il enterre le corps dans le sable, sur la plage, et s’attend à être découvert. Tout le récit porte sur sur la culpabilité de ce garçon qui ne sait pas séduire, qui ne se sent pas à l’aise comme ses camarades, qui n’a pas les codes de ce monde. Je me suis attachée à cet ouvrage, car l’écriture de Victor Jestin m’a rappelé celle du « Bonjour tristesse » de Françoise Sagan. C’est son pendant masculin. C’est un roman très puissant sur le regard que les autres posent sur nous. Léonard prend toutes les mauvaises directions, notre cœur se sert pour lui. Ce texte court, 139 pages, fluide, à l’écriture maîtrisée, se tient du début à la fin sur un fil tendu. Il m’a brûlée par sa froideur incandescente. Victor Jestin me semble vraiment un écrivain à suivre. » Propos recueillis par Pascale Frey Le nouveau roman de Tatiana de Rosnay, « Les fleurs de l’ombre » sortira le 12 mars aux éditions Robert Laffont/Héloïse d’Ormesson |
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