Belle et bête
Marcela Iacub

Stock
mars 2013
128 p.  16,50 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
on n'aurait pas dû

Cochon mon amour

Sans tout ce tintamarre, délibérément organisé, aurions-nous autant entendu parler du livre de Marcella Iacub, « Belle et bête »?

Pas sûr. Car enfin cet essai ne casse pas cinq pattes à un cochon. D’abord, levons toute équivoque: il ne s’agit ni d’un livre de cul, ni d’un texte érotique. Si vous rêvez de passages chauds, de phantasmes étourdissants ou de révélations croustillantes, passez votre chemin.
Marcella Iacub, fascinée par DSK, va vivre une aventure avec le sujet de sa fascination. L’a-t-elle séduit pour nourrir son récit ? Sans doute, mais au fond on s’en fiche. Ce qui est certain, c’est que l’auteure est fascinée, possédée par DSK, et plus précisément, par le cochon qui est en lui. C’est sur cela qu’elle écrit. DSK est un homme et un cochon. Une matriochka d’un nouveau genre. On ouvre le bonhomme et à l’intérieur on trouve un cochon. L’homme n’a pour elle aucun intérêt. Le cochon la comble mais l’obsède.
Le cochon, elle en parle tout le temps. Cet homme ne l’intéresse que lorsqu’il marche derrière sa queue en tire-bouchon, qu’il ne pense qu’au sexe, qu’il transgresse tout pour se vautrer dans la fange. Au point de détruire son ambition politique et son couple.
La vérité de ce livre est dans son titre. En se laissant prendre par ce porc, gouverner par ce porc, la belle devient bête elle-même, dans tous les sens du terme. Cette histoire est donc celle d’une femme qui tombe en bêtise. Cette dimension, d’une femme prise, éprise, habitée par un porc n’est pas sans intérêt. Mais franchement, c’est un peu faible, et pour tout dire souvent ennuyeux.  Inévitablement, on pense à « La Bête » de Borowczyk. Malheureusement, on ne joue pas dans la même cour.
Le Nouvel Observateur a fait de « Belle et Bête » sa couverture, sous prétexte qu’il s’agissait d’un chef d’oeuvre. N’exagérons rien. Le jeu des citations est souvent spécieux, mais tout de même je ne résiste pas: « Puis je me suis mise à écrire des lettres au cochon. Un nombre incalculable de lettres que je n’ai jamais envoyées. Je disais « mon amour, mon Tout, mon Trop. Tu es mon Est, mon Ouest, mon Nord et mon Sud, sauve-toi de la brute qui t’emprisonne, fais la révolution, ne m’oublie pas. Mon cochon sans toi je ne suis plus, je ne vaux rien. »  On frise la niaiserie, non?

copain-cochon

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